Je rencontre Gildas chez lui, un peu à l’écart du centre-ville. Il me retrace son parcours, ses débuts dans l’agriculture, me fait part de ses interrogations et de ses convictions. Originaire du Léon, enfant il travaillait déjà dans les champs de ses grands-parents à ramasser les pommes de terre et les choux pendant l’été. Bien que ses parents n’aient pas exercé dans le milieu agricole, Gildas reconnait avoir toujours ressenti le besoin de travailler avec la terre. Il me déclare en souriant : « Moi on me met sur le béton je meurs, ça c’est sûr ! »
Il suit tout d’abord des études de paysagiste, mais ne s’engagera finalement pas dans cette voie. Il enchaîne les petits boulots, travaille un temps pour l’industrie légumière et intègre même un élevage de veaux blancs. Cette expérience l’aura profondément marqué. Il profite ensuite de son congé parental pour aller aider un paysan bio à cultiver ses terres. Les deux hommes échangeront leurs techniques et leurs connaissances, chacun apprenant de l’expérience de l’autre. Gildas décide alors de se former et commence un BPREA (Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole). Il s’installera finalement en agriculture biologique à Concarneau, où le climat et les débouchés en termes de marchés sont favorables à une activité de maraichage.
A cette époque, l’agriculture biologique était encore marginale. « On nous prenait pour des fumeurs de pétards, on nous prenait pour des gens complètement utopiques ». Aujourd’hui, il observe une forte augmentation de la demande en bio, et un changement de comportement chez les consommateurs. Quand je lui demande pourquoi il a fait le choix de se tourner vers un système de production bio, Gildas me répond que c’est avant tout pour ses enfants et les générations futures, par soucis de leur laisser des terres agricoles riches et fertiles, mais aussi pour le plaisir de produire des aliments qui ont du goût, qui ont de la saveur : « Les gens, ils achètent ils ont le sourire ». Il reconnait toutefois la difficulté pour beaucoup d’agriculteurs de changer leurs pratiques et de réapprendre à s’occuper de la terre, surtout dans un contexte économique incertain.
Aujourd’hui, Gildas a revendu ses terres à son ancienne salariée. Après avoir travaillé un peu plus d’an an chez les maraichers de la Coudraie à Quimper, il a définitivement quitté l’activité maraichère pour se consacrer aux enfants qu’il reçoit en tant que famille d’accueil. Le regard tranquille, un sourire sur le visage, Gildas me regarde droit dans les yeux, à la manière des Concarnois parait-il…
Pour écouter le portrait radio consacré à Gildas, c’est par ici…
Portrait – Droit dans les yeux