1er juillet, à Sérent (56).
Des attrape-rêve, un poulet mécanique, un coq sur une île déserte… chaque année, la fête annuelle de la radio associative Plum’Fm déclenche l’éclosion d’une nouvelle variation sur le thème de la plume.
Voici quelques souvenirs d’une galaxie de rencontres au studio de la station lancée dans un marathon de 24h de direct en plein air. J’en profite pour présenter un aperçu de la structure et de son histoire, partenaire de Parchemins pour l’enquête en presqu’île de Rhuys.
Une radio associative
Plum’Fm est née il y a une vingtaine d’années à l’institut médico éducatif de Plumelec (Morbihan). Elle a depuis déménagé dans la commune voisine de Sérent, où elle s’est établie dans l’ancienne école primaire. Pour une radio qui met la mission éducative au cœur de son action, quelle meilleure terre d’ailleurs qu’une cour de récréation ?
Autour de la directrice, Jessica, plusieurs salariés touche-à-tout coordonnent l’animation, la réalisation et la programmation. JB, Mathieu, et Clément abordent un large éventail de sujets : actualité locale, culture.s, handicap, développement durable, patrimoine… S’y ajoute la promotion de la langue gallaise, prise en charge par Nanon et Matlao. Lisa, en service civique, termine tout juste une mission pour la communication de la station.
Les cinq animateurs de PLum’fm : Clément,JB, Mathieu, Matlao, Nanon
Avec eux, des invités quotidiens qui viennent parler de l’actualité du territoire et d’ailleurs, et les participants aux ateliers de création radiophonique. En milieu scolaire ou dans d’autres contextes, ces ateliers permettent de développer l’estime de soi, le vocabulaire, la citoyenneté, l’ouverture culturelle… Enfin, un réseau dense de bénévoles prend en charge la réalisation d’émissions avec l’appui technique des salariés. En tout la radio diffuse 40 émissions 15 chroniques.
Avec autant de voix entre les micros et les écouteurs, on comprend vite que le média radio fonctionne ici comme un outil de dialogue, qui s’adresse en un sens aussi bien à ceux qui l’écoutent qu’à ceux qui la font. Elle offre alors un support de transmission à différents niveaux.
« Et toi, t’as une émission ? »
La journée annuelle Tous à Plum a au départ été créée comme une soirée de soutien, pour récolter quelques fonds de manière festive. De quoi diversifier les sources de financement de l’association. Mais cette journée permet aussi aux bénévoles, salariés, membres du conseil d’administration de prendre le temps d’échanger. Ainsi pour ceux qui ne se connaissent pas, la question « Et toi, t’as une émission ? » vient vite après le premier bonjour. Quasi synonyme de « qui est tu ? », elle permet de donner un visage aux acteurs de la grille de la station. L’association compte en effet une soixantaine de bénévoles, dont un bon nombre prennent en charge un créneau hebdomadaire ou mensuel.
Dans la grille, à côté des rendez-vous plateau, des programmes d’actualité et éducatifs, se côtoient des émissions musicales éclectiques, de la country au métal en passant par le hip-hop et les musiques traditionnelles… D’autres s’orientent vers les sujets de société, comme Agora plum’, qui tissait cette année son chemin par le portrait et le témoignage, autour du fil rouge des frontières – qu’elles soient physiques, sociales, psychologiques.
Émission scientifique en plein air, des dinosaures au système solaire
La parole au C.A.
Les modes d’écoute sont eux-mêmes divers : Apéro-musette, émission qui fête cette année ses quinze ans, a ses fidèles du transistor qui peuvent y retrouver l’agenda des bals du coin. De son côté, Des luds et des plumes consacrée aux jeux de sociétés, est podcastée jusqu’au Québec où les animateurs ont des contacts. D’une manière générale l’écoute sur internet, en direct ou en différé, offre aux radios associatives une audience potentielle plus large que celle offerte par la fréquence mise à leur disposition : ainsi l’étendue couverte par l’émetteur hertzien de Plum’fm s’arrête aux portes de Sarzeau et il faudra donc nécessairement le web pour que les émissions concernant ce territoire lui reviennent aux tympans.
Un tour complet du cadran solaire.
Mais revenons à la fête…les 24h de direct ont commencé à midi, dans une ambiance familiale : sous les grands arbres s’affairent les humains de tous les âges, une ribambelle d’enfants et un chien adolescent prénommé Mammouth. Les fauteuils en palettes bricolées accueillent les auditeurs des plateaux en direct, entre sciences expliquées aux enfants, actualité hip-hop, discussion sur le thème des prisons. Pendant ce temps-là d’autres se relaient dans la « cabane à jingle », testent des jeux de société, tentent les percussions.
Batukakouac
Le record d’affluence à Tous à plum : 700 personnes. Mais cette année c’est plus calme, l’équipe ne voulait pas réclamer aux groupes amis de jouer gratuitement, et la formule a un peu changé, plus centrée sur les bénévoles. Les volontaires se relaient pour tenir la buvette installée sous l’ancien préau où la Bambelle tient le haut du pavé (produite par un GAEC de paysans brasseurs installés à Saint-Gravé). Je me sens bien là, ça donne le temps de croiser les trajets et projets de chacun. D’en apprendre plus sur l’histoire de la radio et ses fondamentaux comme le refus d’intégrer la publicité dans ses sources de financement. De découvrir le réseau associatif dont elle fait partie. J’aperçois le député Paul Molac venu en visite, défenseur reconnu de la culture et des langues régionales.
Alors que le soleil descend la cour s’anime de guirlandes lumineuses. Bouches nourries de crêpes et oreilles de sets live batucada – Batukakouac, traditionnel samplé – Jérémy Mignotte, et rock – Donas. Un peu avant la tombée de la nuit, un bal pirate prend le relai. Le rôle de DJ est assuré à tour de rôle par les collectionneurs de son. Sixties, musiques du monde, électro hardcore [1]… les silhouettes des DJ clignotent et la récré glisse vers la free party. A 2h la pluie s’en mêle, sonnant le repli pour finir la nuit dans les studios : dernières émissions, verres et conversations.
Solo de violoncelle devant la cabane à jingle
Au réveil, le sol de la cour prend un peu le soleil, barbouillé aux couleurs de l’arc-en-ciel. La cabine à jingle devient abri de jardin et les attrape-rêve redescendent des arbres. Le coq des voisins chante un peu trop tôt pour les couche-tard … de quoi donner envie à certains de le faire cuire avec ce qu’il reste de cidre.
En chair et en onde
Si les quotidiens régionaux ont leur correspondant dans chaque village, les médias participatifs ne font pas que collecter et circuler l’information. La création collective au sein des différentes associations découvertes à Sérent fait d’emblée quelque chose de plus : elle met en discussion.
Or comme me l’avait expliqué Mathieu, l’animateur référent pour Parchemins, Plum’fm émet en milieu rural et a besoin de trouver des occasions, comme cette fête, pour rassembler ses bénévoles et auditeurs dispersés. Et dans ce contexte, rien ne vaut une rencontre en chair et en os pour « tailler le bout de gras »[2]. Ici cela s’incarne dans la galette saucisse et sa cousine végétarienne au fromage et légumes de saison. D’ailleurs sur la devanture du camion à crêpes, tous les producteurs-fournisseurs étaient cités. Finalement, un peu comme on égrènerait des « crédits » et les remerciements à la fin d’une émission… ? Tout ça pour dire que nos « Paroles et chemins » ont trouvé là de bons parrains et compagnons de sentier.
Merci pour l’accueil !
Marine Legrand
Notes
[1]Dans l’ordre DJ Léonard, Jeff, Mathieu.
[2]Qui saura me dire d’où vient cette expression ?
Crédits photo
Josselin Guédon pour Plum’fm
Références et liens
Plum FM : http://www.plumfm.net/
Les animateurs évoqués ici sont Bakoff et Spritnoirr (Hip hop time), Jeff (La sono du monde), Léonard Michalon (Super son des 60’s), Michel (Apéro musette), (des luds et des plums), Saga (Agora’plum)
Bière La bambelle : http://www.labambelle.com/
Association Larcsen : https://larcsen.jimdo.com/
Association Les passeurs d’images et de sons : http://www.lespasseurs.fr/