De janvier à juin 2018, j’ai effectué mon stage de fin d’études à propos de la caractérisation de l’agriculture sur la Presqu’île de Rhuys.
La Presqu’île de Rhuys, un des cinq sites d’étude de Parchemins, présente des caractéristiques spécifiques : une attractivité touristique et résidentielle très importante et la proximité du pôle urbain vannetais, une forme particulière qui peut contribuer à un certain enclavement, un sol et un climat perçus comme difficiles pour l’agriculture. L’équipe de Parchemins a donc supposé que les pressions et les dynamiques spécifiques de la Presqu’île de Rhuys y façonnent les pratiques agricoles, et contribuent à y établir une agriculture aux caractéristiques distinctives.
Pour tester cette hypothèse, j’ai réalisé vingt-quatre entretiens auprès d’agriculteurs et agricultrices de la Presqu’île de Rhuys et ses alentours. Avec ces personnes, nous avons parlé de la manière dont elles gèrent leurs cultures, leur élevage, la commercialisation de leurs produits. Nous avons aussi abordé des thèmes plus relatifs au territoire : leur implication associative, politique, ou dans les réseaux professionnels ; les transformations de l’agriculture qu’elles perçoivent autour de chez elles.
Au final, ces entretiens m’ont permis d’amorcer un portrait de l’agriculture sur la Presqu’île de Rhuys.
Les entretiens ont mis en lumière certaines contraintes liées à l’attractivité de la Presqu’île. Les choix d’aménagement urbain (chicanes, ronds-points), et les embouteillages estivaux, compliquent parfois l’accès aux parcelles. Certains propriétaires de terres agricoles ont, depuis les années 1970, conservé leurs terrains dans l’espoir d’une modification des règles d’urbanisme qui les rendraient constructibles ; ce phénomène de rétention foncière, s’il tend à diminuer, a entraîné une multiplication des propriétaires pour les fermes, et un enfrichement important.
Parallèlement à ces contraintes, l’attractivité du territoire représente une opportunité pour diversifier ou spécialiser l’activité agricole. Une part importante des agriculteurs et agricultrices enquêté·e·s sur la Presqu’île de Rhuys propose de l’agritourisme : gîte ou visites de la ferme. La production est aussi fréquemment valorisée sur le circuit local : par la transformation à la ferme et/ou par la vente en circuits courts[1]. Conscients de ce climat favorable, les acteurs politiques et associatifs soutiennent des projets agricoles tournés vers l’économie locale et l’agriculture biologique.
L’analyse des données récoltées lors des entretiens a révélé les points communs et les différences entre les exploitations ; celles qui se ressemblaient le plus entre elles ont été regroupées en types. La typologie traduit la diversité de l’agriculture sur la Presqu’île en faisant émerger quatre grands profils d’exploitations. Fait intéressant, les types d’exploitation ne s’opposent pas de manière binaire (par exemple : agriculture conventionnelle versus agriculture bio). Les exploitations sont plutôt regroupées, d’une part en fonction de leurs productions (présence ou absence d’élevage), et d’autre part en fonction des modes de valorisation de la production (circuits longs ou courts, choix de certaines filières courtes en particulier, transformation à la ferme…).
En résumé, la Presqu’île de Rhuys est le lieu d’une agriculture qui apparaît plus diversifiée que sur les communes alentour. Diversité des produits : céréales et légumineuses, maraîchage, élevage, et souvent plusieurs ateliers sur la même exploitation. Diversité aussi des modes de production, et de valorisation des produits. Les exploitants et exploitantes y sont globalement impliqués dans la gestion du territoire, que ce soit par le biais d’une association culturelle, d’un engagement politique, de l’appartenance à un réseau d’agriculteurs.
Enquêtes et analyses réalisées lors d’un stage de fin d’études d’agronomie (Agrocampus Ouest, Rennes), réalisé à l’UMR SAS[2] (Rennes), encadré par Virginie Parnaudeau.
Merci aux agriculteurs et agricultrices rencontré·e·s pour leur accueil chaleureux !
Retrouvez le mémoire sur la page « Publications scientifiques ».
[1] Circuit court : « mode de commercialisation des produits agricoles qui comporte au maximum un intermédiaire entre l’exploitant et le consommateur » (Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt, 2009)
[2] UMR SAS : Unité Mixte de Recherche – Sol, Agro et hydrosystème, Spatialisation