Les 15 et 16 février derniers l’équipe de Parchemins se réunissait par un matin brumeux à Sérent, dans le Morbihan, pour son séminaire saisonnier. C’est Plum’fm, radio partenaire, qui nous accueille dans ses locaux. Direction la « salle de dessin » attenante aux studios pour deux jours de présentations et débat.
Premier moment : le comité de pilotage avec la région Bretagne, représentée par Florence Massa du service de l’eau et Guillaume Pajot, du CRESEB[1]. C’est l’occasion pour Alix, coordinatrice du projet, de présenter un bilan de la première année. Elle est épaulée par Valérie, pour les premières analyses concernant les données contextuelles et Hervé et Florence, pour une présentation du système d’information.
Sortir de chez soi
JB, animateur à Plum’fm, nous propose une visite des locaux. Il raconte aussi les débuts de l’association. La radio est née au sein de l’institut médico-éducatif de la commune de Plumelec, comme une activité interne à la structure, en 1990. Soulevant au départ des réticences chez certains, l’activité fait ses preuve. Les jeunes accueillis à l’IME développent des capacités de concentration, de communication, leur vocabulaire s’enrichit. La structure s’ouvre ensuite sur le village : ils veulent entendre, à l’extérieur, ce qui se dit dans le studio. Un pont se crée entre les pensionnaires de cet ancien sanatorium, longtemps interdit au public et leurs voisins : non, nous dit JB, le handicap n’est pas contagieux…. l’envie de faire de la radio par contre, si ! Alors Plum’fm devient par étapes la radio associative qu’on connait aujourd’hui, pensée pour être produite « par tous et pour tous », sans formatage et avec une grande diversité de contenus, de musiques, de manières de penser. (Lire Tous à plum‘).
L’après-midi de jeudi est consacrée à un atelier sur la « recherche ouverte », cette approche du travail scientifique cultivée au sein de Parchemins. L’atelier animé par Marianne Cerf, ergonome[2], commence par un petit cours passionnant sur les relations entre penser … et faire. Sur les liens complexes entre comprendre … et agir. Nous discutons ensuite de ces outils que sont les émissions de radio, le site web interactif, les rencontres documentaires que nous organiserons bientôt…Ces outils, inhabituels pour la recherche scientifique, créent dans un va et vient production de connaissances et expérimentation culturelle. Comment les utilisons-nous ? Comment se font les liens entre ces deux aspects ? Pour quels objectifs, quelles conséquences concrètes ? Les réponses se dessinent avec les actions elles-mêmes. Une chose est déjà sûre, nous sortons de nos zones de confort.
On a déjà fait tout ça ?
Cette première année de projet a vu éclore un certain nombre de chantiers et ils commencent à donner leurs fruits. Citons, parmi les principaux :
- la construction d’un système d’information – comprenant entre autre le site web et une base de données ;
- l’ouverture de trois études locales (la Forêt, Rhuys et le Goëlo)
- la création d’un protocole commun de collecte de données qualitatives
- la mise en ligne de cartes numériques en libre accès
- la réalisation d’une première saison d’émissions radio.
Conclusion, la coordination par axes et le partage des tâches fonctionnent, de même que les échanges entre disciplines scientifiques différentes et avec les partenaires du projet. Cette efficacité doit beaucoup, au-delà de l’intérêt de chacun et de l’enthousiasme partagé, à la mise en place en amont d’une coordination très distribuée (chacun a des responsabilités différentes et bien définies).
Fait encourageant : de premiers contacts commencent à se nouer avec des acteurs qui n’étaient pas impliqués dès le départ. Signe que l’intérêt pour une construction de connaissances partagées à propos de l’agriculture sur le littoral dépasse les limites de l’équipe !
Les ateliers de la saison prochaine
Vendredi matin, c’était encore le plein hiver. Givre, verglas, dents qui claquent. Mais à midi, tout change. Dehors, le soleil se pointe, éclaire la rivière sinueuse et l’herbe autour, sèche enfin la rosée. C’était sans doute parce qu’on se préparait à déguster les galettes et les crêpes de Geneviève, informaticienne et géniale cuisinière – dignement assistée d’Hervé pour la cuisson. Après la visite de deux journalistes – Ouest France et la Gazette, l’équipe de Plum’fm et celle de Parchemins se retrouvent autour du déjeuner. Apprentissages croisés qui naviguent de l’éducation spécialisée à la recette des galettes à la graisse salée.
Pas de temps prévu pour la sieste aujourd’hui, même si les jours rallongent. Nous aurons du pain sur la planche dans les mois qui viennent, et ça demande un peu d’organisation. Voici, pour terminer ce billet, un aperçu du menu :
Entrée : farandole de courbes et cartes
Les données cartographiques et contextuelles seront explorées à l’échelle régionale, au carrefour entre activités agricoles et démographie, emploi et aménagement du territoire. Cela donnera lieu à une première publication scientifique.
Plat de résistance : duo de stages de master
Marie mène une enquête agricole en presqu’île de Rhuys et alentours jusqu’en juin avec Virginie Parnaudeau. Jérôme, une enquête ethnographique dans le Goëlo jusqu’en août, avec Sandrine Dupé.
Entremets : dentelles informatiques
Le système d’information (autrement dit le support informatique du projet) s’enrichit de nouvelles formes : à venir, les story map, ces cartes… qui parlent et racontent des histoires !
Dessert : buffet de mots-clés
Les données qualitatives issues des cinq terrains d’étude (photos, archives, entretiens, autres documents…) seront mises en commun. Balisées par des mots-clés, elles seront reliées à un catalogue qui permettra de les consulter facilement, un peu comme dans une bibliothèque municipale…
…Et pour finir, cerise sur le gâteau de la forêt de Lanvaux, nous nous attelons à la réalisation d’une nouvelle saison d’émissions pour la série « Par les champs et par les grèves ».
A bientôt pour la suite !
Marine Legrand
Images : Parchemins
[1] Centre de Ressources et d’Expertise Scientifique sur l’Eau de Bretagne.
[2] L’ergonomie est une discipline qui s’intéresse à l’humain au travail. Ses objectifs : trouver des compromis entre les objectifs de production, la santé des travailleurs, leur capacité à se développer, à s’émanciper.
Un grand merci à toutes les personnes impliquées dans la préparation de ce séminaire ainsi qu’à l’équipe de Plum’fm, en particulier JB pour la visite et Mathieu pour l’organisation.