Presqu’île de Rhuys
(les limites dessinées cette carte s’étendent au delà de la presqu’île en tant que telle pour considérer aussi les communes voisines)
Sol, sous-sol, surface

Une idée du sol dans une souche déterrée
La presqu’île est une langue de terre, de sables de cailloux, longue de 25 km pour environ 100 km². Elle pointe vers le soleil couchant (c’est-à-dire d’Est en Ouest). Elle s’ouvre au Nord sur le golfe du Morbihan et au Sud, sur l’océan Atlantique. Elle possède donc deux côtes, bien différentes l’une de l’autre. La façade sud offre de grandes plages et des marais. C’est aussi la plus urbanisée. La côte nord, un peu moins bâtie est en partie rocheuse et découpée en pointes.
En parlant de roches, le socle des lieux a été retravaillé longuement dans les profondeurs de la couche terrestre durant l’histoire du massif armoricain et de son érosion. On y rencontre donc aujourd’hui des alternances de granites, gneiss et micaschistes, roches qui donnent au sol une grande acidité. Découpé de failles, le sous-sol permet la circulation de l’eau, qui se partage entre deux nappes. L’une, très près de la surface, circule à quelques mètres et l’autre, beaucoup plus profonde, s’étend quelque part à environ 40 m de profondeur. Elle est accessible à l’aide de puits artésiens. L’eau de cette nappe profonde est riche en fer[1].
Le sol lui, du point de vue agronomique, peut être qualifié de pauvre, acide, mais aussi séchant et hygromorphe c’est-à-dire qu’il s’engorge vite mais retient peu l’eau. Il n’est donc pas des plus faciles à cultiver…[2]
Mais revenons à la surface, et à son découpage changeant. Du point de vue administratif, les cinq communes de la presqu’île (Arzon, Sarzeau, saint Armel, Le Tour du parc, Saint Gildas de Rhuys) formaient une communauté de commune jusqu’en 2016, incluse depuis dans l’intercommunalité « Golfe du Morbihan Vannes Agglomération ». Aujourd’hui ce sont donc les bus de l’agglomération de Vannes qui desservent les communes, signe parmi d’autres de sa situation péri-urbaine. La commune de Sarzeau, au centre de la presqu’île, est la plus importante en surface, en population, et son bourg reste aujourd’hui le plus animé.

établissement de thalassothérapie près du port du Crouesty à Arzon, mai 2017
Si la presqu’île est physiquement isolée des terres voisines, cela ne l’a jamais empêchée de communiquer avec elles. Néanmoins avec les époques les moyens et les rythmes changent. Ainsi le bateau a longtemps prévalu pour faire circuler les marchandises et les personnes au travers du Golfe. A partir de 1910, il devient plus facile de rejoindre Vannes par un train aujourd’hui disparu[3]Les années 1960 forment un véritable point de bascule, marquées par la construction d’un grand port de plaisance à Arzon, le port du Crouesty. A la même époque, la route départementale 780 perce le territoire de part en part. Le voici mieux accessible.

Au bout de l’étang de Kerver à Arzon se dresse la résidence des « remparts de Kerjouanno », mai 2017
Aux marges du modèle breton, aux portes de la ville…
Si l’industrialisation de l’élevage a marqué l’ensemble de la région bretonne, l’agriculture est restée, sur Rhuys, plutôt en marge de cette dynamique. A partir des années 1960 l’activité économique s’oriente massivement vers le tourisme, avec son cortège de constructions qui remplacent progressivement une partie des marais, landes et terres agricoles. Ce que rencontre cet essor rapide du tourisme de bord de mer, c’est une terre alors principalement dévolue à l’agriculture, à la pêche et à la production de coquillages (huîtres et moules). Ce sont des exploitations plutôt de petite taille en polyculture, où l’élevage bovin laitier tient une place centrale. Le climat doux a historiquement permis la présence de la vigne, mais celle-ci n’a persisté que jusqu’au milieu du XXème siècle et ce n’est alors, déjà, presque plus qu’un souvenir[4].

Prairie de fauche entourée de haies, à Saint-Gildas de Rhuys, juin 2017
Et aujourd’hui ? Selon les chiffres de l’INSEE[5], en 2014 un peu moins de 13 000 habitants se partagent les lieux sans compter la multiplication estivale des estomacs. Les terres sont sujettes à la pression foncière ainsi qu’à l’enfrichement. L’urbanisation, liée à l’afflux croissant de vacanciers s’est d’abord concentrée sur les côtes et la pointe. Ainsi l’activité agricole a à peu près complètement disparu de la commune d’Arzon qui abrite le port. Néanmoins on trouve encore une agriculture diversifiée avec une cinquantaine d’exploitations. Elles se concentrent en majorité sur l’intérieur et la base de la presqu’île, où la trame bocagère est encore bien visible même si elle tendrait à s’effilocher.
La production primaire (agriculture, pêche et sylviculture confondues) représente un peu plus de 10 % des entreprises du territoire avec de forts contrastes : de 1,5% pour Arzon et Saint-Gildas à 30 % pour le Tour-du-parc. L’élevage ovin est présent, différence probablement ancienne avec l’intérieur des terres morbihannaises[6]. Voisinent ainsi des exploitations en polyculture/polyélevage, en élevage bovin laitier et pour la viande, les grandes cultures, le maraichage. S’y ajoutent des configurations atypiques en activité ou en projet, que ce soit dans leurs production (telles que chèvres angora, plants maraichers, herbes aromatiques, vigne) ou leur mode d’exploitation (éco-pâturage, maraichage d’insertion, ferme pédagogique). a conchyliculture reste développée et deux marais salants ont été remis en activité.
Le contexte Morbihannais
Selon le ministère de l’agriculture (données AGRESTE), le département du Morbihan a vu son agriculture se transformer de façon « spectaculaire » depuis les années 1970. L’activité agricole reste importante malgré une baisse continue. Le département tient le haut du classement national pour plusieurs productions animales : en tête de file pour la production avicole avec 36 % de la production bretonne, suivent l’élevage porcin (3eme rang, après les Côtes d’Armor et le Finistère), la production laitière (6eme rang), les bovins à viande (10eme rang pour les veaux de boucherie). Les productions végétales majoritaires sont les céréales fourragères, les pommes de terre et les légumes de plein champ. Le ministère met en avant le « poids déterminant d’industries agro-alimentaires diversifiées, structurées et bien réparties sur le territoire ». L’importance d’enjeux liés à la prédominance de l’élevage intensif est soulignée, concernant l’utilisation des déjections et la mise aux normes des bâtiments. Est enfin notée, une importance relativement faible de la production ovine, maraichère, horticole y compris sur le littoral, malgré les dynamiques récentes de diversification,: « malgré les atouts naturels et météorologiques certains de la zone littorale, le développement de ces productions reste très limité alors que cette zone est celle qui, du fait des pressions de l’urbanisation, du tourisme et de la dévitalisation agricole accélérée, pose les problèmes les plus aigus d’occupation et d’entretien de l’espace rural »[7].
Références :
[1]Pour l’hydrologie, informations communiquées par Patrice Noury, éleveur. Pour la géologie, voir Carte géologique, feuille n°417 Vannes/Saint-Gildas-de-Rhuys.. Notice explicative par Augier R., Menier D., Van Vliet-Lanoë B., Chauris L. , Thinon I., Mougin B.,Hallegouët B., édition du BRGM, 2011, 263 p.
[2]Analyse partagée par les agriculteurs de la presqu’île rencontrés lors de l’enquête.
[3]Yannic Rome, Grandes et petites histoires des tramways et petits trains du Morbihan, Le Faouët, Liv’Éditions, coll. « Mémoire du Morbihan », 2005, 246 p.
[4]Association « Au vent de l’histoire », 2000. Histoire de vignes en Rhuys, 64 p.
[5]Institut national de la statistique et des études économiques, comparateur de territoires : https://www.insee.fr/fr/statistiques/zones/1405599
[6]Kuntz Jean, 1937, Statistique agricole de la France annexe à l’enquête de 1929, Monographie agricole du département du Morbihan.
[7]http://www.morbihan.gouv.fr/Politiques-publiques/Agriculture-foret-et-developpement-rural/Agriculture-exploitations-agricoles-soutiens-publics/Chiffres-et-tendances-de-l-agriculture-dans-le-Morbihan/node_2495